Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’un film qui a marqué mon enfance, un film que j’ai découvert grâce à ma mère alors que je n’avais que quatre ans. Un film qui, depuis, ne m’a jamais quitté : Top Gun, sorti en 1986.
Top Gun, c’est plus qu’un film d’action. C’est une immersion dans un univers de vitesse, de compétition, d’amitié et d’amour. C’est l’histoire de Pete "Maverick" Mitchell, interprété par un Tom Cruise charismatique, jeune pilote de chasse intrépide, qui intègre la prestigieuse école d’élite de la Navy.
Le film a été réalisé par Tony Scott, avec le soutien de la marine américaine, qui a permis des prises de vue spectaculaires à bord de véritables avions de chasse. Cette collaboration a donné au film une authenticité et une intensité rarement égalées à l’époque.
Il a 24 ans. Il court, il transpire, il sourit. Il conduit des motos sans casque, il joue au volley torse nu, il frime. Mais avec une faille. Une fêlure.
Quand il débarque sur le tournage de Top Gun, Tom Cruise n’est pas encore une star. Il a fait Risky Business, Legend de Ridley Scott… mais Top Gun, c’est la rampe de lancement intersidérale. L’icône. Le fantasme. Le début de la Cruise-mania.
Et pourtant, il n’était pas le premier choix.
Paramount avait pensé à Matthew Modine, mais il refusa le rôle à cause du message militariste du film. Plusieurs noms ont circulé — Emilio Estevez, Charlie Sheen, Patrick Swayze, Nicolas Cage, John Cusack, Sean Penn, même Rob Lowe. C’était l’époque du Brat Pack. Mais Cruise avait ce mélange unique de charme, intensité et trouble.
Et en face de lui ? Val Kilmer, dans le rôle de Iceman. L’arrogance incarnée. Lisse, blond, glacial.
Le regretté Val Kilmer ne voulait pas faire le film. Il a été forcé par contrat avec Paramount. Mais son opposition à Cruise à l’écran — cette tension palpable entre Maverick et Iceman — est tellement réelle qu’elle est devenue mythique.
Leur rivalité n’était pas feinte. Kilmer l’a reconnu plus tard dans ses mémoires : il jouait la froideur, la distance. Cruise voulait gagner chaque scène. Et de ce duel d’egos, est né un duo légendaire.
Et puis il y a Kelly McGillis, la mystérieuse Charlie. Formatrice civile de la Navy, inspirée d’une vraie femme, Christine Fox. McGillis impose un contrepoids à l’énergie de Cruise. Elle est plus âgée que lui, plus posée, plus stable.
Leur romance n’a pas toujours séduit tout le monde, mais elle incarne un rapport de forces inversé, rare à l’époque.
Et pour encadrer ces jeunes têtes brûlées, deux figures paternelles :
Tom Skerritt, charismatique dans le rôle de Viper, mentor bienveillant à moustache impeccable.
Et Michael Ironside, impitoyable instructeur Jester, qui donne un poids militaire et physique à l’univers du film.
Quand on parle de Top Gun, difficile de ne pas penser à cette montée d’adrénaline qui nous saisit dès les premières secondes… Et là : Danger Zone débarque,
Ce morceau, c’est l’ADN musical du film. Une création signée Giorgio Moroder à la composition — le pape du disco électronique, déjà oscarisé pour Flashdance — et Tom Whitlock aux paroles.
À la base, Danger Zone n’était pas du tout destinée à Kenny Loggins. Le morceau a été proposé à plusieurs artistes. D'abord Toto, puis REO Speedwagon, qui a refusé de l’interpréter car ils voulaient leur propre morceau dans le film. Même Corey Hart a dit non, car il préférait chanter uniquement ses propres chansons.
C’est finalement Kenny Loggins, surnommé à l’époque "le roi des bandes originales" — on lui doit Footloose — qui s’empare du morceau. Et franchement… qui d’autre que lui pouvait incarner cette tension, cette montée de puissance et cette promesse de danger ? Sa voix rugueuse et fébrile colle à la perfection aux scènes d’aviation.
Quand la chanson démarre, avec ces synthés métalliques et cette basse qui claque, on décolle littéralement.
Pour la petite histoire : la chanson a été enregistrée en une seule journée dans les studios de Giorgio Moroder à L.A. Et Kenny Loggins n’avait même pas vu le film à ce moment-là — il a juste capté l’énergie qu’on attendait, et il a livré une performance brute, taillée pour le mythe.
À l’opposé de l’explosivité de Danger Zone, il y a "Take My Breath Away", LA chanson d’amour du film. Et là encore, Giorgio Moroder est derrière la mélodie, accompagné une fois de plus par Tom Whitlock aux paroles.
Ce morceau est né avant même que la scène d’amour du film ne soit tournée. Jerry Bruckheimer, le producteur, voulait une ballade intense, romantique, presque suspendue, pour accompagner le couple Maverick/Charlie.
Initialement, Moroder voulait que ce soit un homme qui interprète la chanson, et il a pensé à The Motels. Une démo a même été enregistrée. Mais Tony Scott, le réalisateur, et les producteurs voulaient une voix plus aérienne, plus sensuelle. C’est là que Terri Nunn, chanteuse du groupe Berlin, entre en jeu.
Terri Nunn avait déjà une voix particulière, quelque chose de fragile et puissant à la fois. Lorsqu’elle a chanté Take My Breath Away, c’était une prise unique, captée sur le vif. Le morceau a ensuite été remanié pour coller au rythme de la scène d’amour — qui, elle, a été tournée après que le morceau soit validé.
d’ailleurs pour l’ anecdote : Tony Scott a été obligé de retourner la scène entre Tom Cruise et Kelly McGillis, justement pour l’ajuster à cette chanson. Il a utilisé une lumière bleue tamisée pour masquer les incohérences temporelles. Résultat ? Une scène sensuelle et hypnotique, devenue culte.
En 1987, Take My Breath Away remporte l’Oscar de la meilleure chanson originale et le Golden Globe. Elle propulse Berlin au sommet des charts… mais au sein du groupe, ça crée des tensions. Certains membres ont mal vécu le fait qu’une chanson composée par d'autres devienne leur plus gros succès.
Malgré ça, ce morceau reste l’un des plus beaux slows des années 80, une ode au désir, à l’instant suspendu. Une chanson qui, littéralement, coupe le souffle.
Ce film a traversé les décennies, inspirant des générations de spectateurs et de cinéastes. Il a récemment connu une suite, Top Gun: Maverick, qui rend hommage à l’original tout en apportant une nouvelle dimension à l’histoire de Maverick.
Pour moi, Top Gun restera toujours lié à ce souvenir d’enfance, à ce moment partagé avec ma mère, à cette passion naissante pour le cinéma et la musique. C’est un film qui m’a fait rêver, vibrer, et qui continue de me toucher profondément.

